Le saumon roi des mers

GREENPEACE SOULIGNE LES RISQUES POUR L'ENVIRONNEMENT DU DEVELOPPEMENT A GRANDE ECHELLE DE POISSONS GENETIQUEMENT MODIFIES

20 Janvier 2000 - Greenpeace vient de rendre public à Montréal un rapport soulignant les risques que ferait peser à l'environnement le développement à grande échelle de poissons génétiquement modifiés.

Les recherches menées à ce jour, avec notamment l'introduction d'hormones de croissance d'origine humaine ou animale, ont porté, selon Greenpeace, sur le saumon, la carpe, la truite, le medaka (un poisson de rizière japonais) et le tilapia, ainsi que sur certains crustacés comme les écrevisses.

Les poissons transgéniques grandissent "quatre à six fois plus vite que les autres" et assimilent mieux la nourriture, mais ils sont plus agressifs, et même si leur grande taille les rend plus attirants pour les autres poissons de la même espèce, la reproductivité de leur progéniture est réduite.

Selon Nadine Bachand, spécialiste du dossier à Greenpeace Montréal, il n'y a "aucune garantie à 100 %" que ces poissons d'aquaculture, même s'ils sont élevés en réservoirs, ne puissent s'échapper dans la nature. Ils pourraient alors, selon le rapport, "avoir des effets dévastateurs sur les populations de poissons sauvages et la biodiversité".

Les recherches à ce jour sont particulièrement avancées aux États-Unis, au Canada, en Nouvelle-Zélande, en Israël, en Thaïlande, à Taïwan, au Royaume-Uni et en Chine.

Les premiers poissons transgéniques pourraient arriver sur le marché d'ici deux ans. "Une prudence extrême s'impose et un contrôle international est urgent", a souligné Mme Bachand.

Sans s'opposer globalement à l'utilisation de la biogénétique à des fins médicales, Greenpeace a souhaité un encadrement étroit de ces recherches afin qu'elles n'aboutissent pas à un développement à des fins commerciales. Les négociations de Montréal, du 24 au 28 janvier, doivent globalement aboutir à "un protocole fort pour l'environnement", a indiqué Louise Gale, de Greenpeace International.

LE MONDE " DU 11 / 08 :Copyright Louis ROCQUIN. terresacree@francimel.com

POLEMIQUE AUTOUR DE LA TRUITE TRANSGENIQUE DE L'INRA

Née du souci écologique de développer un poisson " Terminator " qui ne puisse diffuser ses gènes dans la nature, cette première scientifique a comme un parfum de scandale (cf. usages commerciaux possibles, proches du terminator végétal). Les chercheurs de l'INRA affirment leur volonté de " développer seulement un modèle pour la recherche fondamentale ".

Rem

Article du Monde vendredi 11 août 2000

Une truite stérile a été produite par manipulation génétique dans un laboratoire de l'Institut de recherche agronomique (INRA) de Rennes. En ajoutant à son génome un gène qui inhibe certaines hormones du poisson, des chercheurs de la Station commune de recherches en ichtyologie, biodiversité et environnement (Scribe) ont en effet réussi à bloquer sa gamétogenèse. Malgré cette première scientifique, cette truite transgénique, née du souci écologique des chercheurs de développer un poisson qui ne puisse diffuser ses gènes dans la nature, a aujourd'hui comme un parfum de scandale.

Ce travail rappelle en effet une autre manipulation génétique : celle du soja " Terminator ". Conçu à l'origine pour bloquer la diffusion dans la nature des transgènes de plantes cultivées, le gène Terminator a en effet vivement intéressé les industriels qui y ont vu un moyen infaillible d'empêcher les paysans de semer en deuxième génération les grains récoltés et de les contraindre à se réapprovisionner entièrement auprès d'eux la saison suivante. Ce " verrou biologique " a fait un tel scandale que Monsanto, leader des firmes de biotechnologies dans le monde, a dû promettre de ne pas le commercialiser.

A l'origine, le but premier des scientifiques de l'INRA était de comprendre les mécanismes provoquant la maturation sexuelle des poissons, l'ovulation chez les femelles, et tout ce qui pouvait expliquer son absence, une maturation anormale ou incomplète, décalée ou fluctuante par rapport à la saison. D'emblée, ces études fondamentales ont présenté un intérêt économique. Car ces perturbations physiologiques, fréquentes chez les espèces reproduites en captivité, engendrent un manque à gagner pour les éleveurs.

Plus généralement, précise Bernard Chevassus, du laboratoire de génétique du poisson (INRA) à Jouy-en-Josas, " le poisson, pour développer ses organes sexuels (les gonades), mobilise des ressources métaboliques importantes au détriment de la croissance et de la qualité de la chair ". Inhiber ou retarder ce développement peut amener des gains de croissance, de poids et de taille. En outre, diverses espèces présentent un dimorphisme sexuel de la vitesse de croissance ou de l'âge de première maturité sexuelle qui peut conduire à privilégier l'élevage de l'un des sexes.

PRÉOCCUPATION ÉCOLOGIQUE

La multiplication des fermes aquacoles dans le monde a stimulé ces études sur la reproduction des poissons. Rapidement, est venue s'ajouter aux intérêts économiques une préoccupation écologique. En effet, à la suite de fuites accidentelles de poissons d'élevage, l'homme a favorisé l'implantation de colonies domestiques aux dépens des poissons indigènes, et leur hybridation avec des populations jusqu'ici sauvages. A ce problème s'ajoute la menace que représentent ces poissons domestiques et prédateurs pour toutes les autres espèces.

Ce flux génique concerne aujourd'hui les poissons traditionnels. Mais il pourrait s'étendre, demain, aux truites et aux saumons transgéniques. Ces derniers sont en cours de développement au Canada et aux Etats-Unis où, en cas d'autorisation, leur mise sur le marché est attendue d'ici à 2002. Des essais comparables sont conduits en Australie, en Nouvelle-Zélande, en Israël, en Thaïlande et en Ecosse.

Ce risque de pollution génétique a conduit la Commission européenne à soutenir, dans le cadre de son programme Biotechnologie, les efforts des chercheurs de cinq pays (France, Belgique, Royaume-Uni, Norvège et Irlande) pour contrôler la reproduction des poissons. " Au fil de nos travaux, nous avons découvert que, chez les cyprinidés (carpes, tanches, goujons) et les salmonidés (truites, saumons), la maturation et l'ovulation sont précédées d'une augmentation importante des niveaux plasmatiques d'une hormone sécrétée par l'hypophyse du poisson appartenant à la famille des gonadolibérines (GnRH) ", raconte Bernard Breton, physiologiste des poissons au Scribe. En inhibant la production et la sécrétion de ces hormones, on pouvait donc espérer bloquer la reproduction des poissons.

Après cinq ans d'étude et d'essais, l'équipe de Rennes a réussi à " greffer " dans le noyau cellulaire des truites l'anti-sens d'un gène qui inhibe la production des GnRH, et a obtenu ainsi plusieurs mâles stériles.

Dans la mesure où ce transgène empêche la production de sperme au niveau du système endocrinien sans invalider le fonctionnement des gonades, l'injection d'extraits de glande hypophyse durant environ un mois et demi peut permettre à l'équipe de récupérer un peu de sperme et d'entretenir une lignée stérile. De quoi vérifier la stabilité de l'expression du transgène au fil des générations. " Pour l'heure, la première génération de poissons issue des truites stérilisées est en élevage. On saura en fin d'année si 100 % de ces descendants sont stériles. Et nous devrons vérifier que c'est toujours le cas pour les autres générations ", précise M. Breton.

Il reste aussi à mesurer l'impact auprès des éleveurs et des consommateurs d'une telle recherche financée par l'Europe. Après l'énorme polémique suscitée par le gène Terminator des plantes, on peut s'attendre à de sérieuses critiques. Pour les poissons, M. Breton assure que le but de l'INRA " n'est pas de produire des truites stériles pour la production, seulement de développer un modèle pour la recherche fondamentale et l'expertise ". D'ailleurs, ajoute-t-il, son Institut " ne brevètera pas ces lignées de truites transgéniques ", et il a diffusé ces résultats en juillet au Congrès mondial d'endocrinologie à Seattle.

À CROISSANCE RAPIDE

Mais qui empêchera, dans ce cas, un industriel de s'emparer de cette technologie ? Tant que celle-ci demeure lourde à mettre en ouvre, elle n'intéressera probablement pas les élevages. Mais qu'elle vienne à se simplifier et son usage pourrait devenir plus courant. Surtout si la valeur des poissons rendus stériles s'accroît : par exemple, dans le cas de poissons génétiquement modifiés à croissance rapide, résistant à des pathogènes, ou capables de produire des molécules d'intérêt pharmaceutique.

Dans ces cas, la truite " Terminator " de Rennes offrirait des revenus substantiels aux industriels des biotechnologies qui l'ont développée et aux sélectionneurs qui la distribuent. Mais cela ne se ferait-il pas au détriment des éleveurs qui s'approvisionnent auprès d'eux en oufs et alevins. " La libre possibilité pour ces derniers de rendre à nouveau fertile une telle truite, par l'adjonction d'hormones dans leur alimentation par exemple, me paraît une condition à sa commercialisation ", insiste Bernard Chevassus de l'INRA. Ce que tente de réaliser - sans résultats encore - l'équipe de Rennes par encapsulation des hormones GnRH. Même dans ce cas, rien n'assure que ces truites aux hormones manipulées soient acceptables pour le consommateur.

La simple modification du nombre de chromosomes (diploïdisation), qui bloque à plus de 90 % la gamétogénèse, et constitue une alternative d'ores et déjà appliquée dans plus d'un tiers des fermes aquicoles françaises, est-elle plus acceptable par l'opinion ?

V. T.

Le poisson transgénique ne fait pas l'unanimité

Le Bloc québécois, le Nouveau Parti démocratique et le groupe
environnementaliste Greenpeace demandent au gouvernement fédéral
d'interdire la production de poissons transgéniques. Des saumons
transgéniques sont actuellement élevés en pisciculture à
l'Île-du-Prince-Édouard par une firme américaine.
                                                                       
   
L'entreprise Aqua Bounty est parvenue à modifier génétiquement des
saumons pour accélérer leur croissance et réaliser ainsi d'importantes
économies. Les environnementalistes craignent que des poissons
transgéniques ne s'échappent en mer et mettent en péril l'équilibre
naturel, mais Aqua Bounty réplique que ses saumons sont stériles.
                                               

Greenpeace n'en croit rien si bien que des militants de l'organisation
ont installé une banderole de 500 mètres carrés sur les installations de
la ferme d'élevage de l'Île-du-Prince-Édouard. Ils voulaient ainsi
protester contre la production de saumons transgéniques.

http://radio-canada.ca/nouvelles/Santeeducation

Hyperliens pertinents

Nouveau parti démocratique du Canada
Site officiel du parti.
http://www.npd.ca/
                   
Bloc Québécois
Site officiel de ce parti politique fédéral.
http://www.bloc.org/

Greenpeace Canada
Site de Greenpeace Canada
http://www.greenpeacecanada.org/f/home.html

Environnement Canada.
Page d'accueil d'Environnement Canada (en français).
http://www.ec.gc.ca/fenvhome.html

Poissons transgéniques

A contre-courant de la raison

Introduction
http://www.greenpeace.fr/campagnes/ogm/poissongm/index.htm


Agir
En signant l'appel pour des mers sans OGM sur le site de Greenpeace
International [en anglais]
Voir la page sur les poissons transgéniques de GP International
http://www.greenpeace.org/%7Egeneng/highlights/gmo/GEfish.htm
Signer l'appel

Traduction de l'appel :

Des poissons transgéniques sont aujourd'hui développés expérimentalement dans de nombreux  pays autour du monde. Plus d'une douzaine d'espèces de poisson sont manipulées génétiquement, parmi lesquelles le saumon, le tilapia, le bar, la truite et le poisson-chat. La plupart des poissons transgéniques sont modifiés pour produire des hormones de croissance dans des proportions anormalement supérieures à celles des espèces naturelles par l'insertion des gènes d'autres espèces de poisson. Dans certains cas des gènes d'insectes ou même des gènes humains sont utilisés. La manipulation génétique peut produire des poissons
difformes, incapables de nager, de se nourrir ou de se reproduire comme
le feraient des poissons normaux. Les poissons transgéniques
représentent une menace sérieuse pour les poissons sauvages et la
biodiversité marine. Quand des poissons génétiquement modifiés se seront
échappés dans l'environnement marin, ils ne pourront plus être rattrapés.

Nous, soussignés, sommes préoccupés par les faits suivants :

Les poissons génétiquement modifiés peuvent devenir des espèces
envahissante capables de causer des dommages écologiques irréversibles
aux stocks de poissons sauvages et plus généralement à l'environnement
marin. Des études ont déjà indiqué que certaines espèces de poisson
transgéniques modifiées avec des gènes d'hormones de croissance
pouvaient mener des populations de poisson sauvages à l'extinction de
par leur taille et leurs avantages reproductifs.

La stérilité des poissons transgéniques est
intrinsèquement incertaine compte tenu de la possibilité d'une erreur
humaine et des phénomènes de variation naturelle. Même si la stérilité
pouvait être obtenue avec certitude, les poissons transgéniques stériles
entreraient tout de même en compétition avec les poissons sauvages pour
la nourriture, l'habitat et auraient une influence sur l'ensemble de
l'écologie marine.

Alors que l'industrie des biotechnologies se précipite pour
commercialiser les poissons transgéniques, les fermes d'aquaculture
commerciale sont encore incapables de garantir le confinement des
poissons ou de leurs oufs. Les fuites de poissons d'élevage font partie
de la routine. Ainsi près de 300 000 poissons se sont échappés d'une
seule ferme d'aquaculture dans l'Etat de Wahington durant l'été 1999, et
100 000 saumons d'élevage se sont échappés en décembre 2000 d'une ferme
d'élevage dans le Maine. Il est à peu près certain que des poissons
transgéniques seront disséminés dans la nature si leur commercialisation
est autorisée.

Au vu des ces risques et de la nature imprévisible des poissons
transgéniques, nous lançons un appel pour une interdiction mondiale de
la commercialisation des poissons transgéniques élevés en milieu aquatique.



30/11/2005
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